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MR-MRS

En novembre 2007, le projet « MR-MRS », porté par les permanents syndicaux du secteur des « maisons de repos et maison de repos et de soin » (MR-MRS) est présenté au fonds social de ce secteur. Les partenaires sociaux acceptaient de mettre en place une action pilote en 2008, pour un an.

L’objectif de l’action menée par Lire et Écrire via le projet d’alphabétisation des travailleurs dans le secteur des maisons de repos et de soins était de prendre en compte l’analphabétisme des travailleurs et de lui apporter à terme une réponse spécifique et structurelle.

Les formations d’alphabétisation à destination des travailleurs étaient dispensées pendant les heures de travail, sans perte de salaire, au titre de formation professionnelle.
Cette action a été menée sur l’ensemble du territoire de la Région wallonne. Pour mener à bien cet objectif, trois axes avaient été proposés dans le cadre de cette action pilote :

  • une sensibilisation des relais ;
  • une phase de formation des travailleurs ;
  • une évaluation de l’action.

Au cours des phases de sensibilisation, nous avons été confrontés à certains acteurs qui prétendaient ne pas être confrontés dans leur milieu de travail à l’illettrisme. D’autres, par contre, côtoyaient quotidiennement l’illettrisme dans leur entreprise, que ce soit des employeurs, des délégués syndicaux ou des collègues de travail.

À l’issue de cette phase de sensibilisation, il a bien été mis en avant que des travailleurs en situation d’illettrisme exercent un emploi dans ce secteur, comme dans d’autres secteurs. Bien que les travailleurs en situation d’illettrisme soient présents, il y eut peu de demandes d’entrée en formation d’alphabétisation.

Certains facteurs ont été identifiés pour expliquer le peu de demandes d’entrée en formation :

  • la durée de la formation, longue et pouvant nécessiter des remplacements de travailleurs, ce qui complique la tâche quand les travailleurs sont dans une PME, quand ils sont plusieurs a vouloir entrer en formation au sein d’une même équipe, etc. ;
  • le dispositif du congé-éducation payé compliqué qui ne permet pas une prise en compte équitable des travailleurs face au droit à la formation. Certains contrats de travail excluent d’office ce droit. De plus, la durée de la formation est forcément limitée à 120 heures par année scolaire et encore, pour un travailleur à temps plein.
    D’autres facteurs identifiés dans les freins à l’entrée en formation sont liés à la peur de perdre son travail, à la crainte de stigmatisation des collègues, au souhait de ne pas dévoiler son illettrisme à son employeur. Et ces motifs pour ne pas entrer en formation sont tout aussi respectables que le souhait d’entrer en formation.

Cependant, les effets engrangés par ce projet vont au-delà des entrées en formation actuelles.
D’une part, la sensibilisation a permis de faire changer certaines pratiques et permettra peut-être, d’autres entrées en formation à un moment où certaines personnes seront prêtes pour le faire, où les conditions le permettront. Les dizaines de personnes rencontrées qui ont été sensibilisées seront peut-être un jour relais vers un processus d’alphabétisation.

D’autres parts, les séances de sensibilisation ont permis de mettre le focus sur cette problématique auprès de personnes qui sont en contact avec les travailleurs du secteur, indirectement ou non. Certaines personnes sensibilisées ont clairement montré des changements de pratiques, une adhésion à la lutte contre l’illettrisme et une mobilisation pour qu’au-delà de l’expérience pilote menée dans ce secteur, le droit à l’alphabétisation soit reconnu. Chaque personne sensibilisée pourra à un moment ou un autre, peut-être, permettre de lever le tabou sur cette question.

Pour plus d’informations, téléchargez le rapport d’activités du projet MR-MRS.