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Analyses et études 2016

En 2016, Lire et Écrire a publié deux analyses et trente-huit études, toutes disponibles en ligne.

Introduction

Les analyses et études réalisées par Lire et Écrire ont toutes comme point de départ les problématiques de l’analpha­bétisme et de l’alphabétisation des adultes et ont toutes comme enjeux de soutenir la réalisation des objectifs de l’association, soit que toute personne qui le souhaite puisse trouver, près de chez elle, une alphabétisation de qualité, répondant à ses besoins mais aussi qu’un jour, il n’y ait plus d’analpha­bètes.

En Fédaration Wallonie-Bruxelles, les problématiques de l’analpha­bétisme et l’alphabétisation des adultes ne font pas ou très peu partie des champs de recherche du secteur formel. Ces problématiques ont dès lors été mises en avant et sont étudiées et analysées quasi exclusivement par le secteur associatif, dont Lire et Écrire.

Si toutes nos analyses et études se situent dans le champ de l’alphabétisation, ce champ est large et nos analyses et études traitent de nombreuses thématiques. Elles portent sur la compréhension et la prévention de l’analpha­bétisme, sur les politiques et sur les pratiques d’alphabétisation.

Nos deux études

Le métier d’« agent d’accueil » à Lire et Écrire Bruxelles. Entre engagement et distanciation
Magali Joseph
Lire et Écrire Bruxelles – 4e trimestre 2016

Nous voyons tous, ou à peu près, ce que peut représenter le métier de formateur en alphabétisation mais peut-on en dire autant du métier d’agent d’accueil ? Quelle est la fonction de la personne qui occupe ce poste ? Réceptionniste ? Accueillant « au guichet » ? Assistant social ? À Lire et Écrire Bruxelles, l’équipe chargée de l’accueil est composée d’une coordinatrice de mission et de cinq travailleurs. Quel est leur travail au quotidien ? Leur profil de fonction ne suffit pas à éclairer notre lanterne. Notre objectif dans ce travail d’analyse est de rendre compte le plus finement possible des contours de ce métier.

Se former, se transformer en alpha : Dynamique d’engagement, effets de formation, freins et ressources – Rapport de recherche action
Étienne Bourgeois, Université de Genève ; Sabine Denghien ; Benoît Lemaire, Lire et Écrire ;
et les membres du groupe de travail : Dominique Annet, Félix Bertholet, Laurence Breuskin, Thomas Charles, Jean Constant, Serge Delaive, Anne-Sophie Demolder, Sandrina Destaerke, Laurence Gallant, Delphine Hanotiau, Sibylle Jacquemin, Sonja Mottin, Guillaume Petit, Anne-Françoise Polle
Lire et Écrire en Wallonie – 4e trimestre 2016

Pour Lire et Écrire, s’intéresser à ce qui motive une personne à entrer en formation en alphabétisation puis à y rester est une question essentielle, ceci pour accompagner au mieux chacune de ces personnes dans son parcours de formation, mais aussi, plus largement, pour mieux comprendre les logiques à l’œuvre dans ces processus, notamment en identifiant ce qui est susceptible d’entraver ou, au contraire, de faciliter le cheminement. L’entrée en formation est souvent le résultat d’une démarche complexe dépendant d’une conjonction de plusieurs facteurs qui dépassent la stricte acquisition fonctionnelle de la langue et qui renvoient à des dimensions à la fois pragmatiques et identitaires. Engagés dans ces questionnements, les membres du groupe de travail ont souhaité se mettre en démarche collective pour découvrir, analyser et comprendre cette complexité dans le but de mieux la prendre en compte dans les pratiques d’accueil et d’accompagnement tout au long de la formation.

L’approche adoptée a consisté à se mettre à l’écoute des apprenants pour mieux connaitre leurs attentes, mieux comprendre leurs dynamiques motivationnelles et en retirer des enseignements pour nos pratiques de terrain.

Ce rapport s’appuie sur les analyses croisées des données recueillies auprès des apprenants. La première partie précise le contexte de la recherche-action, les objectifs poursuivis et les questions de recherche ainsi que la méthodologie adoptée. La deuxième partie présente les résultats et analyses générales de la recherche. La troisième partie se penche quant à elle sur les freins et ressources pour la formation. Enfin, ce rapport se termine par l’analyse des premiers effets sur les pratiques et quelques pistes de recommandation.

Nos analyses, par thématique

La pédagogie du projet

Chercher, découvrir, partager son (ou ses) identité(s)
Françoise Pierard, Mirjana Cicak, Charles Diffels
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

Au départ, un groupe mixte de 15 adultes de 8 nationalités différentes qui avait pour objectif commun d’apprendre le français (le comprendre, le parler, l’écrire) et à qui nous avons proposé de réaliser cet apprentissage par le biais d’une réflexion et d’un travail sur l’identité.

Progresser en parlant, en partageant, en réfléchissant, en produisant, en choisissant… en collaborant avec un peintre et un photographe professionnels. Nul besoin d’un talent inné ou de formation académique pour créer… et découvrir son identité.

Balises pour la mise en œuvre d’une pédagogie du projet émancipatrice
Sylvie-Anne Goffinet
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

Des associations comme Le GRAIN réfléchissent de longue date à la pédagogie du projet et à la question de l’émancipation. En 1980, déjà !, était publiée la première édition de son livre Le défi pédagogique. Construire une pédagogie populaire, qui définissait ce que peut être une pédagogie favorisant la libération des groupes dominés et présentait les courants pédagogiques qui la rendent possible, dont la pédagogie du projet.

L’article qui suit est une composition réalisée à partir d’extraits de textes plus récents du GRAIN, complétés par des textes du CESEP, dans la perspective d’établir un pont entre projet politique et pratique pédagogique en milieux populaires et faiblement scolarisés.

La fin du projet signe-t-elle la mort des apprentissages qu’il a portés ?
Guillaume Petit
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

À travers cet article, mon but est de nous amener à réfléchir, à partir d’un exemple de pédagogie de projet mené sur un an, à ce qu’il en reste pour l’apprenant à la fin d’un projet. À mesure que le projet que je vais vous présenter avançait et que nous voyions les effets positifs de notre méthodologie d’apprentissage, la crainte s’est invitée que l’après ne fasse mourir ces effets. Le doute de l’effacement progressif des acquis et de l’expérience une fois que l’activité prendrait fin a mis à l’épreuve nos croyances pédagogiques les plus stables, les plus ancrées. La fin d’un projet est-elle la mort de l’apprentissage ? Comment envisager la fin d’un projet en pédagogie de projet ? Acharnement pédagogique ou éloignement du formateur ? C’est en répondant à ces questions que je tenterai de vous donner mon humble avis.

Le management par projet. Contamination du secteur associatif ?
Claire Corniquet
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

La notion de projet, habituelle dans le secteur associatif, se décline sous différentes formes et peut revêtir diverses réalités. L’une de ces formes semble porter en elle certaines dérives. Il s’agit de ce que l’on appelle actuellement « le management par projet ». Quels sont les méfaits de la distillation de l’organisation par projet au sein du milieu associatif ? Et comment se positionnent les acteurs de terrain par rapport à la logique du projet, au sens managérial ? Pour répondre à ces questions, nous ferons appel à celles et ceux qui sont directement touchés par ce fonctionnement : les acteurs du réseau associatif.

« Paroles libres ». Réalisation d’un documentaire avec pour devise : Créer c’est résister. Résister c’est créer.
Caterina Morabito
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

Au départ, les apprenants du groupe Agir collectivement, groupe d’éducation permanente de la régionale Lire et Écrire Centre Mons Borinage, ont déterminé les thématiques sur lesquelles ils voulaient travailler : « les inégalités à l’école » et « être mère seule ayant des difficultés en lecture et écriture ». Thèmes qu’ils ont ensuite traités dans un documentaire réalisé en pédagogie du projet : Paroles libres. Pour montrer que pour eux résister c’est venir en formation, oser prendre la parole, oser sortir de la place qui leur est assignée, oser aller à contrecourant. Pour être à la fois citoyens, réalisateurs, acteurs, techniciens dans le projet et dans leur propre vie, avec leurs compétences, mais aussi leurs blessures, leurs incertitudes, leurs imperfections.

« Où on va comme ça ? ». Création d’une affiche monumentale pour montrer que les dés sont pipés
Linda Van Moer et Samuel Colpaert
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

Où on va comme ça ? est un projet du groupe « mixte » de Lire et Écrire Hainaut occidental composé de participants de Basècles, Mouscron et Tournai. Constitué en « nous collectif » par la méthodologie des intelligences citoyennes, le groupe a choisi d’approfondir la thématique du décrochage scolaire et de l’inégalité des chances de réussite à l’école et face à l’emploi. Se donnant le nom de Collectif des Mauvaises herbes, il a alors conçu et réalisé une œuvre d’envergure (une toile de 2 mètres sur 3), Dépités par les dés pipés, œuvre qui a été présentée au Printemps de l’alpha dans le cadre du Festival POP Up, le 7 mai 2015 à Jemappes.

Résister c’est pas commode. Résister et reconnaitre, ne pas manquer d’R, existeR pour ne pas oublieR
Delphine Charlier, Brigitte Dubail, Didier Hanchard, Sybille Van der Straeten, Gene Wautier – Lire et Écrire Brabant wallon
Des apprenants de Lire et Écrire Brabant Wallon (groupe de Nivelles)
Pascale Lassablière – Ateliers Mots’Art
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

12 journées ; 35 apprenants de Lire et Écrire Brabant wallon, âgés de 19 à 70 ans, issus de 15 pays, en formation dans 4 groupes de niveaux différents, dans 2 implantations distinctes ; 4 formateurs, 1 responsable sensibilisation, 1 animatrice d’atelier d’écriture et 1 photographe. Voilà en quelques chiffres les ingrédients de base d’un projet artistique présenté au Printemps de l’alpha, le 7 mai 2015 à Jemappes, sur le thème des résistances et des alternatives. Quelles résistances ? Quel projet artistique ? Patience ! Nous allons vous les faire découvrir…

« Pænser l’exil ». Un projet de transformation de soi, des autres
Najya Sim’hammed, Dominique Durieux, Denis Mannaerts
In Journal de l’alpha no 200, Lire et Écrire Communauté française – 1er trimestre 2016

Depuis plusieurs années, Cultures&Santé, association d’éducation permanente, se met annuellement en résidence dans deux associations bruxelloises pour accompagner un de leurs groupes Alpha/FLE dans la réalisation d’un projet collectif. Ce type d’accompagnement pédagogique repose sur le postulat que c’est dans l’action, la création et l’échange que les apprentissages sont générés.

Nous retracerons dans cet article le parcours d’un projet mené au sein de l’Institut kurde de Bruxelles (IKB) durant l’année académique 2012-2013. Nous y mettrons en évidence ses principaux jalons, ses effets et les moteurs de sa réussite.

Les publics en alphabétisation

La catégorisation des publics. Visées, risques et opportunités
Aurélie Storme
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

Lorsqu’on parle des « publics », on a tendance à catégoriser les personnes selon des « profils-types ». La catégorisation permet de simplifier, d’identifier, de désigner plus facilement (sur base de la nationalité, de la scolarité, du statut socio­professionnel…) Face à cette tendance à catégoriser, plusieurs questions se posent : quelle est l’utilité de ces catégories ? Quel est leur impact sur les personnes en difficulté de lecture et d’écriture et leur accès à un dispositif d’alphabétisation ? Et leur impact sur le regard que le grand public et les différents acteurs concernés de près ou de loin par l’alphabétisation posent sur ces personnes ? Comment la catégorisation des publics en alpha peut-elle aider à renforcer le droit à l’alphabétisation pour tous, tout en évitant la stigmatisation et les discriminations ?

Développer des projets avec les publics éloignés de l’alpha
Kathleen Deschamps
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

Accompagner et former les personnes éloignées de la formation et de l’emploi en vue de leur donner accès aux dispositifs d’alphabétisation, tel est l’objectif du projet actuellement mené par les huit régionales wallonnes de Lire et Écrire dans le cadre d’un financement du Fonds Social Européen. Mais comment « définir » ces publics pour les approcher sans tomber dans les « effets pervers » de la catégorisation (stigmatisation, exclusion…) ? Quelle pédagogie mettre en œuvre pour renforcer le pouvoir d’agir de ceux qui sont les plus éloignés de la formation et de l’emploi, et plus largement dépossédés de toute forme de pouvoir sur leur vie et dans la société ?

Atteindre les personnes qui vivent l’illettrisme et la précarité en Wallonie picarde
Dominique Rossi, Aurélie Storme
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

Chaque année, en Wallonie picarde, 250 personnes s’inscrivent dans un processus d’alphabétisation. Elles représentent à peine 1 % des personnes en situation d’illettrisme sur ce territoire. Parmi les publics peu présents dans les dispositifs proposés : les travailleurs mais aussi les personnes les plus éloignées de l’emploi et de la formation. Un tel constat posé dans un contexte d’exclusion et de précarité grandissantes, résultant notamment des politiques inspirées du paradigme de l’État social actif, a poussé Lire et Écrire Hainaut occidental à mener une réflexion sur la manière de toucher les personnes les plus éloignées de la formation, et la manière de promouvoir leur accès à la formation. Diverses actions ont ainsi été développées, s’accompagnant d’une réflexion sur l’identification de ces personnes, et sur la pertinence et les limites de la catégorie utilisée pour les désigner.

La production de la désaffiliation. Ce que nous en apprend l’analyse socio­historique de Robert Castel
Sylvie-Anne Goffinet
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

On parle aujourd’hui beaucoup de désafilliation sociale, en général pour parler des publics « en décrochage », non insérés professionnellement, voire « non réinsérables » sur le marché du travail. On utilise aussi ce terme pour parler des publics éloignés de la formation. Mais que recouvre-t-il exactement ? D’où vient-il ?

Selon Robert Castel, sociologue français qui a forgé ce concept au début des années 1990, la désaffiliation sociale est l’aboutissement d’un processus conjuguant absence d’emploi et isolement relationnel. Dans le contexte économique et social actuel, les situations de vulnérabilité ne cessent d’augmenter et le processus de désaffiliation sociale de s’étendre et de se développer. Il ne s’agit cependant pas d’un processus nouveau, en ce sens que bien qu’il se manifeste différemment selon les époques, de fortes similitudes apparaissent quant à la dynamique qui les produit.

« Alph’accroche ! » Aller à la rencontre des personnes en grande précarité et leur ouvrir les portes de l’alpha
Jacqueline Masson, Anne-Françoise Pollé
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

Observant que le public très précarisé ne franchit que très exceptionnellement les portes d’un centre d’alphabétisation, Lire et Écrire Namur a développé une action visant à créer des liens de proximité avec ce public sur les lieux qu’il fréquente. Menée de début 2011 à fin 2013 et soutenue par le Relais social urbain namurois (RSUN), cette action, intitulée Alph’accroche, visait à réconcilier les personnes avec l’écrit dans la perspective, à plus ou moins long terme, de faire émerger des demandes d’alphabétisation.

Les mécanismes d’enfermement et de sortie des situations de désaffiliation sociale
Sylvie-Anne Goffinet
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

La précarité et même la grande précarité augmentent. Tout le confirme, que ce soit lorsqu’on ouvre l’œil (dans le métro, les gares, les centres-villes, les quartiers populaires…) ou lorsqu’on observe les statistiques (augmentation du nombre de chômeurs de longue durée, exclusions des allocations de chômage, augmentation des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale…) ou encore via les témoignages, ceux par exemple de l’animateur-formateur de Lire et Écrire Namur.

L’article qui suit propose des pistes de lecture de l’apparente diversité des témoignages récoltés par l’apport des travaux de différents auteurs, tous ancrés dans les réalités sociales de terrain.

Les enjeux d’un groupe « franco »
Antoine Daratos
In Journal de l’alpha no 201, Lire et Écrire Communauté française – 2e trimestre 2016

Depuis 2000, Lire et Écrire Verviers a opté pour la création d’un groupe « francophones » pour faire face au défi de la sous-représentation en alpha des personnes scolarisées en Belgique. Un tel groupe permettait de rassembler des personnes ayant des difficultés communes et de leur éviter de passer plusieurs mois sur liste d’attente avant d’entamer une formation – attente qui en décourageait plus d’un. La chose n’a pas été facile : les débuts ont été marqués par de nombreuses interrogations sur le principe même d’un groupe spécifique et par un faible nombre d’inscriptions. Aujourd’hui, si des questions subsistent, force est de constater que les inscriptions ne font plus défaut. Dans le travail quotidien, les points communs qui rassemblent les apprenants du groupe, et le bon niveau oral, permettent et demandent un travail un peu différent. Témoignages.

Les référentiels pour la formation

Cadre de référence : un espace de liberté dans un paysage qui se ferme…
Stuart Wrathall
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

La démarche du choix ou de la construction d’un cadre de référence est tout sauf anodine, et particulièrement dans le paysage actuel de l’insertion socio­professionnelle que traversent tant les demandeurs d’emploi, et notamment ceux et celles qui sont en situation d’illettrisme, que les travailleurs qui sont en contact avec eux…

Quels référentiels pour quelle société et pour quels apprentissages ?
Catherine Stercq
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Les définitions des « compétences-clés » nécessaires pour vivre comme pour travailler ne sont ni universelles, ni objectivables. Ces définitions sont toujours liées à un temps, un espace, une idéologie. Définir un référentiel, un socle commun de « compétences » est toujours un projet politique par le choix des finalités de l’apprentissage et les valeurs qui les sous-tendent, de ce qui est désirable et valorisé. Il faut donc nous montrer vigilants et aborder les référentiels dans une perspective critique au regard des objectifs de formation et d’éducation populaire qui sont les nôtres.

Compétences et approche par compétences
Catherine Stercq
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

On ne peut questionner l’approche référentielle sans questionner la notion de compétences et l’approche par compétences. Approche qui suscite de nombreuses controverses quant à ses intentions politiques mais aussi de vives interrogations pédagogiques.

Compétences et attendus dans l’apprentissage de la langue étrangère
Marie Alice Médioni
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Aujourd’hui, nombre d’enseignants et de formateurs en langue étrangère se réfèrent au Cadre européen commun de référence pour les langues. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un cadre de travail qui, à ce titre, ne permet pas le passage direct à l’action de formation. Pour ce faire, il est en effet nécessaire d’abord de définir et construire des apprentissages, en lien avec les descripteurs qui s’y trouvent.

Dans cet article, je me propose d’illustrer cette étape intermédiaire qui servira à mettre en place des activités pédagogiques dans une optique d’utilisation de la langue en situation réelle. Plus concrètement, je partirai des descripteurs qui permettent de définir le profil type de l’apprenant de niveau A2, niveau important pour le secteur de l’alpha puisque c’est notamment le niveau requis pour l’obtention de la nationalité belge.

De la création de référentiels pour le secteur wallon de l’insertion socio­professionnelle
Marina Mirkes
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Si, pour l’Interfédé, la démarche référentielle est une contrainte puisqu’elle est imposée par les politiques européennes, elle constitue aussi une opportunité en ouvrant des perspectives qui répondent à des enjeux pour la formation et pour les stagiaires en insertion socio­professionnelle. C’est en tenant compte de ces deux points de vue que le secteur des CISP (Centres d’insertion socio­professionnelle) s’est engagé dans la démarche présentée dans cet article.

Pour articuler finalités, buts et acquisition des savoirs de base
Catherine Stercq
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Comment soutenir l’acquisition des langages et des savoirs de base nécessaires pour « comprendre, réfléchir et agir le monde » au quotidien ? Comment se situer à contrecourant des forces de domination et privilégier des rapports aux mots et au réel qui, tout en étant fonctionnels, sont également plus critiques et plus créatifs ? Comment former des hommes sujets de l’histoire, conscients de leur capacité de se libérer mutuellement et créateurs de réalités nouvelles ? C’est pour apporter une réponse à ces questions que le groupe de travail Référentiel de Lire et Écrire a conçu un Cadre de référence pédagogique pour l’alphabétisation.

Grille générique des savoirs de base en situation professionnelle
Yolande Boulanger, Lire et Écrire Centre Mons Borinage
Pascale Lejeune, COF
Marina Mirkes, Interfédé
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Est-ce que l’exercice des métiers de commis de cuisine, vendeur au comptoir, ouvrier en parcs et jardins, employé administratif ou technicien de surface… mobilise les mêmes savoirs de base ? Comment le savoir ? Comment en tenir compte dans la mise en place de l’offre de formation ? C’est à partir de ces questions que l’Interfédé a produit, avec des travailleurs du secteur, une grille générique pour identifier les savoirs de base en situation professionnelle et l’a expérimentée sur le référentiel du commis de cuisine produit par le secteur.

Participation à la construction d’un référentiel métier : quel lien avec la pratique de terrain ?
Entretien avec Anne Lamand, EFT Le Perron
In Journal de l’alpha no 202, Lire et Écrire Communauté française – 3e trimestre 2016

Situé à Namur, le Perron de l’Ilon est une entreprise de formation par le travail (EFT) dont la mission est de former des personnes très peu qualifiées au métier de commis de salle et de cuisine. Précédemment responsable de stage, Anne Lamand y est aujourd’hui responsable des ateliers maths et français en rapport avec ce métier. Elle a participé au groupe de travail organisé par l’Interfédé en vue de la rédaction du référentiel de commis de cuisine. Dans cet entretien, elle raconte comment le référentiel s’est construit, puis comment l’équipe et les stagiaires de l’EFT se le sont approprié.

Accueillir, orienter et accompagner

L’accueil, l’orientation et l’accompagnement à Lire et Écrire Bruxelles : quelles situations et quelles pratiques ?
Maria Herraz
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

À Lire et Écrire Bruxelles, le rôle de la mission Accueil et Orientation est d’évaluer le niveau des personnes à la recherche d’une formation pour apprendre le français, de les informer sur les conditions et possibilités d’accéder à une formation, de les orienter, de leur chercher, et idéalement de leur trouver des places disponibles en formation. Parallèlement, les agents d’accueil assurent aussi un travail de soutien et d’accompagnement des personnes qui souvent vivent dans des conditions précaires et sont confrontées à de multiples difficultés dans leur vie quotidienne.

L’espace de l’accueil : un bureau à mon image ?
Claire Corniquet
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

De nombreux textes abordent l’accueil sous l’angle de l’interaction. Et c’est d’ailleurs l’un de ses aspects fondamentaux. L’accueil à Lire et Écrire Bruxelles est en effet l’espace où les (futurs) apprenants en alphabétisation peuvent déposer leurs attentes et leurs besoins en matière de formation. Mais c’est aussi un lieu où se racontent des histoires de vie, et où l’on tente d’aider, voire de régler les déboires administratifs, ou encore les difficultés liées à la situation de précarité dans laquelle se trouvent de nombreux apprenants. Ces interactions, ces échanges, prennent place dans des lieux particuliers, identifiables et identifiés comme les bureaux d’accueil. C’est donc par le biais de l’espace que nous aborderons l’accueil.

J’étais incapable de juste écouter et d’arrêter là… Des formatrices en alpha face aux difficultés d’apprenants
Jacqueline Michaux
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

L’accompagnement psycho­social des apprenants ne fait pas partie des fonctions d’un formateur en alphabétisation à Lire et Écrire Bruxelles. Aucun service spécialisé n’existe d’ailleurs dans l’association pour réaliser ce travail. Dans la pratique, ce sont les agents d’accueil qui assurent une permanence de « relais social » une demi-journée par semaine afin d’écouter et, le cas échéant, d’orienter les personnes vers des services d’aide sociale, des centres psycho­médico­sociaux, des consultations juridiques ou d’autres structures spécifiques. Dans ce contexte, les formateurs et formatrices sont souvent amenés à devoir parallèlement faire face à certaines difficultés exprimées par des apprenants durant la formation.

Redonner aux apprenants leur place au cœur des processus d’accueil et d’orientation
Aurélie Storme
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

Nationalité, statut administratif, type de contrat de travail, nombre de mois au chômage, copie du diplôme… C’est un bref échantillon des données que les opérateurs d’alphabétisation sont tenus de récolter auprès de leurs apprenants, à la demande des pouvoirs subsidiants. Et la tendance est à la croissance des exigences en la matière. Face à cela, comment éviter de limiter les processus d’accueil à des entretiens purement centrés sur des formalités administratives, pouvant s’apparenter à du contrôle ? Comment ne pas réduire les personnes à un statut ? Comment développer ou repenser nos pratiques en les centrant sur les personnes elles-mêmes, qui sont au cœur du projet de Lire et Écrire, plutôt que sur des données administratives abstraites qui déshumanisent la relation et ne permettent pas de mettre en place un accueil adéquat et de qualité ?

L’accueil et l’orientation : liens avec les autres missions de Lire et Écrire
Aurélie Storme
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

Faisant le constat de plusieurs difficultés et failles dans ses pratiques d’accueil et d’orientation il y a quelques années, Lire et Écrire Brabant wallon a entrepris de redéfinir un processus d’accueil pour répondre plus adéquatement à l’ensemble des demandes de formation qui lui sont adressées, en fonction des besoins et profils spécifiques des personnes. La réflexion et la refonte des pratiques qui en ont découlé ont notamment mis en lumière les indispensables connexions à établir entre cette mission et d’autres missions de Lire et Écrire, principalement : la sensibilisation, le développement partenarial, la formation, le suivi psycho­social, et le suivi administratif dans le cadre de la justification et des évaluations à fournir aux pouvoirs subsidiants. Nécessaires connexions qui soulèvent par ailleurs d’autres difficultés et questionnements…

Vivre l’accueil : retour sur l’expérience d’une pionnière
Helena Lockhart
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

L’écriture des rapports d’accueil, d’articles dans le Journal de l’alpha a toujours signifié pour moi un temps d’arrêt, de réflexion et de conceptualisation de ma propre expérience. Recul nécessaire pour une mise en question, temps d’exploration de nouvelles pistes et appui pour tenter de résoudre les nombreuses difficultés rencontrées.

C’est mon rapport final, écrit à l’aube de ma pension, qui a servi de base à la rédaction de cet article. La place me manquait pour présenter ici tout ce qui y est rassemblé et qui a nourri mon travail d’accueillante au Collectif Alpha pendant toutes ces années. Voici cependant quelques points parmi les plus importants…

L’accueil à la Porte verte : un mélange de sérieux, de débrouille et d’empathie
Entretien avec Samuel Haquin, Aïcha, Souad et Amira
In Journal de l’alpha no 203, Lire et Écrire Communauté française – 4e trimestre 2016

La Porte verte–Snijboontje tente de lutter contre la pauvreté et l’exclusion à Molenbeek-Saint-Jean au travers de différentes actions. Parmi les services proposés : un centre d’alphabétisation et des permanences sociales. Entre ces deux projets, les collaborations sont facilitées, pour un meilleur accompagnement des personnes en formation.

Nous avons rencontré Samuel Haquin, le coordinateur de cette association, pour entendre son point de vue sur l’accueil des publics à la Porte verte, ainsi que trois apprenantes qui y suivent des cours…

Politiques d’alphabétisation

L’alphabétisation, une question sociale avant tout
Sylvie Pinchart, Lire et Écrire Communauté française
In Le journal de Culture & Démocratie no 41, Culture & Démocratie – avril 2016

En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), l’alphabétisation désigne les pratiques de formation à la lecture, l’écriture, l’expression orale, les mathématiques… des adultes qui ne maîtrisent pas ou plus les compétences de base équivalentes au CEB. Ces personnes ont suivi une scolarité en FWB ou dans un autre pays, ou n’ont jamais été scolarisées dans leur pays d’origine. Elles sont francophones ou parlent une autre langue. Pour ces dernières, l’apprentissage démarre par le français à l’oral. Lire et Écrire estime que 10 % des adultes en FWB sont concernés par des difficultés importantes relatives aux savoirs de base.

La pénibilité au travail : une réalité inéluctable pour les personnes analpha­bètes ?
Iria Galván Castaño
In La Revue nouvelle no 4 La gauche en ruines, La Revue nouvelle – avril 2016

Ces dernières années, Lire et Écrire Bruxelles a mené différents travaux de recherche sur l’impact des politiques d’activation et sur les freins à l’insertion socio­professionnelle des travailleurs analpha­bètes. En 2014, nous nous sommes intéressées à l’expérience des personnes analpha­bètes lorsqu’elles sont au travail. Nous avons interviewé six personnes ayant des difficultés de lecture et d’écriture, avec des profils différents en termes de genre, d’origine, d’âge et de secteur professionnel. Pour ces travailleurs, la pénibilité du travail n’est pas une condition temporaire, ponctuelle ou choisie, mais une réalité quotidienne. Les personnes analpha­bètes sont-elles contraintes d’accepter un emploi pénible pour s’insérer au sein du marché du travail ? Les données de notre étude ne sont pas généralisables. Dans cet article, nous avons donc décidé de les combiner, avec les résultats statistiques de l’Enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS) réalisée en Belgique en 2010, afin d’observer si les travailleurs peu diplômés subissent des conditions de travail plus pénibles que les travailleurs moyennement ou hautement diplômés. Nous allons aussi décrire les difficultés spécifiques des personnes analpha­bètes, travailleurs peu – ou voire pas – diplômés, à travers les récits de nos interlocuteurs.

Le chercheur en éducation populaire : un lanceur d’alerte ? La démarche de recherche au service des droits collectifs présents et futurs
Hugues Esteveny
In Contribution au débat no 5 Sur la recherche en éducation permanente/populaire, Collectif formation société – mars 2016

Cette contribution résulte d’une interrogation ancienne : de très nombreuses mesures sont adoptées par nos gouvernements, qui remettent en cause nos droits collectifs. Avant d’être adoptées et de produire leurs effets, ces dispositions ont été des idées portées par des courants politiques, des groupes d’intérêts ou des « spécialistes » écoutés (et appointés)… Comment se fait-il que ces dispositions et mesures ne font pratiquement l’objet d’aucun grand débat et ne suscitent que très peu de réactions ? Les citoyens concernés ne les découvrent que lorsqu’elles commencent à produire leurs effets, c’est-à-dire bien après leur adoption. Force est de constater que les pratiques de l’éducation permanente n’offrent que très peu d’outils pour endiguer l’offensive contre les droits collectifs des populations.

Subside or perish?
Claire Corniquet
Lire et Écrire Bruxelles — novembre 2016

Ce titre fait référence au célèbre Publish or perish qui dénonce le fait que les scientifiques de tous bords sont soumis à la pression de publier de plus en plus vite, et en nombre, leurs résultats de recherche. Si l’avancement au sein du milieu académique dépend du nombre de publications, la bonne marche du secteur associatif dépend quant à elle du montant des subsides alloués. Force est de constater que la loi du chiffre se distille au sein du secteur public et non marchand. On le sait, les restrictions budgétaires ont un impact certain sur le fonctionnement des associations. Mais, qu’en est-il de l’impact du contrôle des dépenses et de la justification du « bon » usage des deniers publics sur les travailleurs du secteur associatif ?

Éducation des adultes et politiques européennes

L’Union européenne et les politiques d’intégration des étrangers
Antoine Daratos
Lire et Écrire Communauté française – septembre 2016

Les politiques d’intégration sont parmi celles qui ont un impact important sur le secteur de l’alphabétisation des adultes en Belgique. Ceci est encore plus vrai avec la­ mise en place de nouveaux décrets sur l’accueil des primo­­arrivants en Wallonie et à Bruxelles. Ces politiques entretiennent-elles des liens avec des décisions ou des orientations prises au niveau de l’Union européenne (UE) ? Certes, l’UE est au centre des débats en ce qui concerne l’immigration illégale, la surveillance des frontières avec les pays tiers, l’ouverture ou la fermeture des frontières entre pays européens, la question de l’asile et la répartition des demandeurs d’asile entre les pays européens – mais qu’en est-il des politiques dites « d’intégration » des primo­­arrivants ?

La place de l’éducation des adultes dans les politiques de l’Union européenne
Antoine Daratos
Lire et Écrire Communauté française – juin 2016

Si les acteurs du secteur de l’éducation et de la formation des adultes font souvent référence à l’Union européenne (UE) pour rendre compte des évolutions qui touchent le secteur, une certaine opacité demeure quant à ce que l’Union européenne a véritablement mis en place concernant les questions d’éducation et de formation des adultes.

Pratiques pédagogiques

Les échos du festival Arts & Alpha. Que penser de l’organisation d’activités artistiques dans les cours d’alphabétisation
Magali Joseph
Lire et Écrire Bruxelles – janvier 2016

Les acteurs et visiteurs du festival prennent la parole pour nous dire ce qu’ils en pensent et comment l’art en alpha peut faire sens…

Dans les couloirs des lieux culturels du festival Arts & Alpha résonne encore le bruit caractéristique de l’enregistrement du micro-trottoir qui s’enclenche. Et voilà que les commentaires fusent…

La recherche en éducation populaire : une recherche « permanente »
Magali Joseph
In Contribution au débat no 5 Sur la recherche en éducation permanente/populaire, Collectif formation société – mars 2016

Sociologue, je travaille depuis une dizaine d’années à Lire et Écrire Bruxelles comme « chercheuse » ou « chargée de projets ». À plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de mener des recherches / recherches-action / recherches-formations-actions avec un public peu lettré notamment dans le cadre du décret « éducation permanente ». Ces projets portaient la plupart du temps sur le système scolaire en communauté française de Belgique, comme « machine » à reproduire les inégalités sociales. Suite à la formation et à mes expériences, je tente ici de me positionner quant à ce qu’est une recherche en éducation populaire, ses écueils, ses méthodes, ses questionnements et ses potentialités. Comme la pensée évolue au gré du vécu, des lectures, des rencontres (…), cette tentative de positionnement pourrait donc être différente demain, dans trois mois, six mois, un an… C’est bien en cela que l’on peut parler de recherche « permanente ».