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Analyses et études 2023

En Fédération Wallonie-Bruxelles, les problématiques de l’analphabétisme et de l’alphabétisation des adultes font très peu partie des champs de recherche du secteur formel. Ces problématiques ont dès lors été mises en avant et sont étudiées et analysées principalement par le secteur associatif, dont Lire et Écrire.

Les analyses, études et outils réalisées par Lire et Écrire ont toutes comme point de départ les problématiques de l’analphabétisme et de l’alphabétisation des adultes et ont toutes comme enjeux de soutenir la réalisation des objectifs de l’association :

  • Attirer l’attention de l’opinion publique et des pouvoirs publics sur la persistance de l’analphabétisme et sur l’urgence d’en combattre les causes et d’y apporter des solutions.
  • Promouvoir le droit effectif à une alphabétisation de qualité pour tout adulte qui le souhaite.
  • Développer l’alphabétisation dans une perspective d’émancipation, de participation des personnes et de changement social vers plus d’égalité.

Si toutes nos analyses, études et outils se situent dans le champ de l’alphabétisation, ce champ est large et de nombreuses thématiques sont abordées.

Ces dernières portent sur :

  • Compréhension et prévention de l’analphabétisme. Cette rubrique a pour objet d’appréhender la réalité de l’analphabétisme : causes, conséquences, réalités des personnes concernées, trajectoires scolaires et sociales… L’enjeu est d’améliorer la connaissance de cette problématique afin d’en améliorer les politiques de prévention et d’améliorer la qualité de la prise en compte des analphabètes.
  • Politiques et alphabétisation. Cette rubrique permet de connaitre, de comprendre, d’analyser et d’évaluer les contextes et l’évolution des politiques en général et leur influence sur les dispositifs et politiques d’alphabétisation, ainsi que sur les personnes illettrées.
  • Politiques d’alphabétisation, dispositifs et modèles d’actions Cette rubrique porte sur la manière de développer la prise en compte des analphabètes dans la société ainsi que sur les politiques et structures les mieux à même d’accueillir les personnes analphabètes. L’enjeu en est de construire de véritables politiques en matière d’alphabétisation et de prise en compte des personnes analphabètes et d’en mesurer les effets
  • Pédagogies, réflexions et pratiques pour ou en l’alphabétisation. Il s’agit de toutes les analyses, études et outils portant sur les aspects plus réflexifs et pédagogique. Leur enjeu est de soutenir le travail de terrain par le partage de pratiques et de développer l’analyse réflexive sur les pratiques d’une part ; d’outiller le terrain par la production d’« outils » pédagogiques correspondant aux enjeux de l’alpha populaire d’autre part. Ceci afin de développer la qualité de l’alphabétisation et son ancrage dans l’éducation populaire

Nos études

De quels droits ? Quand le droit ne fait plus société
Hugues Esteveny, Lire et Écrire Bruxelles

Cette étude dépeint la lente érosion des droits sociaux et ses conséquences sur les personnes analphabètes, en portant une attention particulière aux questions de logement, de santé et d’assurance chômage.

L’auteur, à partir de situations individuelles vécues par des personnes en difficulté avec la lecture et d’écriture, adopte un regard critique sur les choix et orientations politiques, économiques et budgétaires opérés depuis plusieurs décennies, qui amplifient les inégalités sociales et dégradent les droits des plus précaires.

Sur l’engagement et la persévérance d’apprenants issus de l’immigration en alphabétisation. Un travail de cohérence entre la formation, soi et ses contextes sociaux
Sébastien Van Neck, Lire et Écrire Wallonie

Sur quelles bases se développe l’engagement en alphabétisation pour des apprenants issus de l’immigration ? Quels facteurs contribuent, de plus, à leur persévérance dans l’apprentissage des savoirs de base ?

Pour répondre à ces deux questions, nous porterons le regard sur les motifs d’engagement d’une série d’apprenants rencontrés dans trois régionales de Lire et Écrire ainsi que sur la perception qu’ils ont de gagner en liberté d’action et sur leur progression dans leurs apprentissages. Afin de comprendre plus finement et de donner des pistes d’explication quant à leur implication, nous prêterons également attention à leur expérience sociale, à leur place et à la dynamique en formation ainsi qu’à leurs différents espaces d’activité.

Nos analyses

Compréhension et prévention de l’analphabétisme.

La fabrication des inégalités scolaires
Fred Mawet, CGé (Changements pour l’Égalité)

Le système scolaire belge creuse les inégalités entre élèves et transforme les inégalités sociales en inégalités scolaires. Mais l’école a-t-elle conscience du rôle qu’elle joue dans cette transformation ? Et comment crée-t-elle ces inégalités ? Quelles sont les conditions pour que l’école change et puisse enfin faire apprendre tous les élèves ?

Est-on en train de créer une nouvelle génération d’illettrés ?
Cécilia Locmant, Lire et Écrire Communauté française

Des scores au CEB les plus bas depuis 10 ans, des décrochages massifs surtout dans les filières techniques et professionnelles, des retards dans les acquis, un mal être persistant au sein des classes… les conséquences du Covid-19 sur le parcours scolaire de nombreux jeunes et notamment les plus défavorisés, semblent inquiétantes.

Disposant de peu d’études qui analysent ces liens, nous avons interrogé nos équipes et les acteurs de première ligne qui sont en contact avec ces publics afin de récolter leurs témoignages et ressentis. Devons-nous craindre de voir une partie des jeunes qui quittent l’école ou y perdent pied aujourd’hui devenir les nouveaux illettrés de demain ?

École et familles populaires : des liens à reconstruire
Aurélie Leroy, Lire et Écrire Communauté française

Entre l’école et les familles populaires, les relations sont plutôt tendues : incompréhensions et préjugés rythment fréquemment les échanges. Cet article propose une lecture des difficultés présentes au sein de ces relations tout en mettant en avant les facteurs qui y participent et les pistes d’action défendues par la Coalition des parents des milieux populaires pour y remédier.

Sans remise en cause radicale du marché scolaire, l’école égalitaire reste un mirage
Olivier Mottint, Appel pour une école démocratique (APED)

Depuis l’organisation des premières enquêtes PISA, il y a une vingtaine d’années, notre enseignement semble se débattre en vain avec son inextricable iniquité, tel le capitaine Haddock en prise avec son sparadrap.

Il y a en la matière une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que l’on cerne de mieux en mieux les facteurs fondamentaux qui expliquent pourquoi notre enseignement est si caractéristiquement inégalitaire. La mauvaise, c’est que l’on s’abstient toujours d’agir résolument sur ces causes qui sont à l’origine de notre « enseignement à plusieurs vitesses ».

Et le Pacte d’excellence ne fait malheureusement pas exception à la règle…

Il y a un lien entre analphabétisme et pauvreté, mais lequel ?
Daniel Flinker, Lire et Écrire Bruxelles

La pauvreté est cause et conséquence de l’analphabétisme. Comment les opérateurs en alphabétisation peuvent-ils aider les personnes en difficulté avec la lecture et l’écriture à sortir de ce cercle vicieux ?

Politiques et alphabétisation

La mesure de la pauvreté : une question technique mais aussi sociale
Aurélie Leroy, Lire et Écrire Communauté française

Que sait-on de l’état de la pauvreté en Belgique et de la façon dont elle touche les publics peu diplômés dont fait partie notre public analphabète ? Comment cette pauvreté est-elle définie et mesurée ? Cet article propose une lecture de l’enquête SILC qui est utilisée par l’Union européenne et la Belgique pour élaborer un état des lieux sur cette question.

Si les chiffres peuvent être utiles, il s’avère aussi nécessaire de comprendre leur portée et leurs limites.

Fonds social européen : la fin des opérateurs faibles ?
Louise Culot, Lire et Écrire Communauté française

Le programme Fonds social européen (FSE) est historiquement lié au secteur de la formation des adultes en Régions wallonne et bruxelloise. Ce programme européen, en cofinançant une partie de l’action de formation depuis les années 70, a contribué à la consolidation, à la professionnalisation du secteur parallèlement aux évolutions sociales, économiques et technologiques du XXIe siècle. Les cofinancements FSE ont notamment donné les moyens à des acteurs du réseau associatif de renforcer la pérennité et la cohérence de leurs actions auprès des publics les plus éloignés de l’emploi et de la formation.

Aujourd’hui, ces mêmes acteurs témoignent d’un certain épuisement devant la complexité et l’hostilité croissante du dispositif de mise en œuvre, d’évaluation et de contrôle du FSE.

Immunisation limitée, avantage neutralisé. Le revers d’une disposition légale limitée dans le temps
Justine Duchesne, Maude Bertrand, Lire et Écrire Wallonie

Au sein des formations en alphabétisation, certains apprenants peuvent se voir confrontés à la diminution de leurs allocations sociales. En cause, un mécanisme de « reprise » des indemnités de formation perçues. Cette diminution est non seulement source d’incompréhension, mais pousse également certains d’entre eux à se réorienter vers d’autre voies formatives.

Dans cet article, nous chercherons donc à exposer les revers d’une disposition légale prévue à l’article 35 de l’arrêté royal portant règlement général en matière de droit à l’intégration sociale et ses impacts sur le quotidien d’apprenants en alpha à Lire et Écrire. Notons que si le cas particulier de Lire et Écrire est présenté ici, la question de l’application de l’article 35 concerne plus largement le secteur de l’insertion socio­professionnelle et doit donc se lire plus largement que les situations exposées et les exemples décrits dans ce cadre.

Des clics et des claques pour des professionnels engagés
Justine Duchesne, Lire et Écrire Wallonie

Le numérique – ou plutôt la façon dont les technologies numériques sont mobilisées et interfèrent dans le cadre professionnel – semble créer du trouble dans le rapport que les acteurs du social entretiennent avec leur métier.

Cet article vise à mettre en exergue les difficultés rencontrées par les acteurs de l’accompagnement à Lire et Écrire, notamment en raison d’un afflux de nouvelles requêtes émises par les publics en alphabétisation, perdus face à des démarches administratives à effectuer désormais en ligne.

Évolution des publics en formation d’alphabétisation. Analyse à partir des données statistiques de Lire et Écrire
Josua Grabener, Justine Duchesne, Thomas Charles, Lire et Écrire Wallonie

Entre 2009 et 2021, le nombre d’apprenants inscrits en formation d’alphabétisation à Lire et Écrire sur le territoire wallon a connu une baisse durable, tandis que le nombre d’heures de formation est resté globalement constant. La composition du public s’est également modifiée : le nombre d’apprenants détenant le CEB a diminué et le nombre de bénéficiaires du CPAS a littéralement doublé.

Loin des explications « faciles », cet article montre que les facteurs sont multiples et que ces changements peuvent notamment être liés aux politiques publiques mises en œuvre durant cette période.

Politiques d’alphabétisation, dispositifs et modèles d’actions

Des apprenants porte-paroles. Comment faire
Louise Culot, Lire et Écrire Communauté française

L’analyse Des apprenants porte-parole revient sur l’expérience particulière d’une journée de hackathon, soit une journée de travail en groupe mixte rassemblant apprenants, formateurs, travailleurs de coordination, et également des chercheurs de l’Université libre de Bruxelles autour de la question de la participation des apprenants aux missions de plaidoyer et de sensibilisation de Lire et Écrire.

Le but était de réfléchir à la manière de répondre aux demandes d’intervention et de « conseil », qui sont de plus en plus adressées à Lire et Écrire depuis la pandémie et la numérisation de nombreux services d’intérêt général. Nous recevons en effet des invitations à « envoyer » des apprenants dans des panels de test, à donner notre avis sur des dispositifs en ligne, mais nous n’avons pas réfléchi, au niveau du mouvement Lire et Écrire, à la manière de répondre à ces demandes de manière systématique, ni à la manière dont les apprenants peuvent être impliqués, accompagnés, lorsqu’ils sont sollicités comme « expert de l’illettrisme ».

Notre question était donc : agir en tant « qu’experts » de l’illettrisme ? Si oui, comment, à quelles conditions et avec quel accompagnement ?

Nous avons décidé de rédiger ce texte en langage pour tous, qui revient sur notre question de départ, sur le processus et sur les résultats du hackathon. Ce texte est destiné à tout le monde, apprenants, travailleurs et toute personne intéressée par la question de la participation, notamment avec des personnes en situation d’illettrisme.

Que vive la démocratie culturelle !
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française

En alpha populaire, les apprenants sont amenés à comprendre, réfléchir et agir le monde, ce qui ne peut s’envisager sans passer par l’analyse critique. Cette analyse peut prendre différentes formes et se situer à différents moments : en amont, en aval ou au cœur même de la mise en œuvre d’une action.

Elle peut aussi être sous-jacente tout au long d’un processus, sans être nécessairement nommée comme telle. C’est ce qui ressort des pratiques culturelles de Lire et Écrire Wallonie picarde qui portent en elles une critique sociale.

Et nous verrons que ces pratiques s’inscrivent dans l’héritage des premiers penseurs de la démocratie culturelle tout en étant totalement en phase avec les nécessités actuelles de réenchantement de la démocratie.

La vague contre la falaise
Justine Duchesne, Lire et Écrire Wallonie

Injustice, pause, action. C’est d’une injustice, d’un sentiment piqué à vif que démarre le travail de création : support à l’expression en vue d’un agir commun.

Mais pour cela, il est nécessaire de prendre du recul, de se poser un temps sur ce qui a été vécu. Conscientiser ce qui nous arrive pour, une fois cette conscience presque digérée, s’en emparer et avancer. Avancer ensemble vers un mieux. Un mieux pour soi, un mieux pour tous.

Si l’alphabétisation implique une compréhension critique du monde, comment celle-ci s’articule-t-elle avec une perspective d’action et de changement social ?

On ne prête qu’aux riches. La distribution de la légitimité langagière
Jean-Louis Siroux, sociologue, chargé de cours à l’ULB

Dans quelle mesure l’analyse des pratiques langagières permet-elle de comprendre les rapports de pouvoir qui se jouent entre groupes sociaux ?

Pour y répondre aussi concrètement que possible, il est intéressant de revenir quelques années en arrière. Quand émerge à nos frontières un mouvement social, les Gilets jaunes, qui marquera les esprits par sa détermination et par ses formes de mobilisation.

Nous élargirons ensuite la réflexion à d’autres situations dans lesquelles les rapports de pouvoir se marquent dans le langage.

Inscriptions numérisées dans les écoles fondamentales bruxelloises. Un pas de plus vers la ségrégation scolaire ?
Iria Galván Castaño, Lire et Écrire Bruxelles

Certaines communes bruxelloises ont décidé de numériser l’inscription dans leurs écoles. Il n’est plus possible de téléphoner ou de se rendre sur place. Désormais, il faut un ordinateur, une connexion internet, souvent aussi un lecteur de carte et un code PIN pour trouver une place dans l’enseignement fondamental francophone géré par la commune.

En sachant que 40 % des Bruxellois sont en situation de vulnérabilité face au numérique et que 10 % sont en difficulté avec l’écrit, on peut se demander comment font ces habitants pour inscrire leurs enfants dans les écoles communales. Pour Lire et Écrire Bruxelles, la numérisation des modes d’inscription peut renforcer la formation d’« écoles ghettos » à Bruxelles, et donc un système d’enseignement éminemment inégalitaire qui perpétue l’illettrisme.

Huit raisons d’amender l’article 13 du projet d’ordonnance Bruxelles numérique
Iria Galván Castaño, Lire et Écrire Bruxelles

L’ordonnance Bruxelles numérique, portée par le ministre bruxellois de la transition numérique, vise à mettre en ligne les administrations régionales et communales, sans y garantir le maintien des guichets physiques.

Le bras de fer entre Bernard Clerfayt et la société civile bruxelloise se concentre sur l’article 13 du projet d’ordonnance Bruxelles numérique.

Iria Galván Castaño revient, dans une analyse, sur la manière dont cet article a évolué au cours de la campagne contre Bruxelles numérique, sur les principales critiques qui lui sont adressées et sur les derniers amendements que le gouvernement a mis sur la table.

Bruxelles numérique : la campagne publicitaire du ministre n’a pas pris !
Daniel Flinker, Lire et Écrire Bruxelles

Depuis des mois, Bernard Clerfayt mène une campagne de publicité mensongère pour faire accepter à la population l’ordonnance Bruxelles numérique. Il défend sa mesure comme s’il vendait un produit, à grand renfort d’arguments marketing totalement déconnectés de la réalité.

Pédagogies, réflexions et pratiques pour ou en l’alphabétisation

Un Destin, Nos Destinées. Dire, écrire pour construire l’agir
Gisèle Eyckmans et Majo Hansotte

Cet article relate deux ans d’ateliers de parole-écriture mis en place à Liège dans une institution pour hommes sans logis. Y est racontée l’histoire de ces hommes traversés par un désarroi lié au sentiment d’être abandonnés et méprisés, faisant l’expérience d’un quotidien dur et brutal, marqués par les inégalités et les rapports de domination.

À travers des pratiques concrètes héritées des ateliers d’écriture et de la méthodologie des Intelligences citoyennes, l’enjeu a été de transformer, de manière collective, Un Destin subi en Nos Destinées réinventées, pour reprendre le pouvoir sur sa vie. À des méthodes expressives et créatives, la démarche a constamment associé une approche critique de la société, des outils institutionnels d’examen des inégalités, des ressources analytiques pour déconstruire les stigmatisations et comprendre les mécanismes d’oppression.

Du vécu à l’analyse des causes des situations inégalitaires : une politisation incarnée et par le bas
Hugo Fourcade, Laboratoire Cultures-Éducation-Sociétés (LACES) à l’université Bordeaux Segalen ; association L’établi

En éducation permanente ou éducation populaire, une grande part de notre travail est lié à l’enjeu d’accès à la parole et à l’analyse critique de la société par les personnes dominées ou subissant des injustices. Ceci pour leur permettre, dans l’idéal, d’agir pour contrer les causes de ces injustices.

Comment dès lors construire, avec elles et à partir de leurs vécus, des savoirs d’expériences et une analyse critique des situations inégalitaires qu’elles vivent afin d’en faire des savoirs sociaux stratégiques pour l’action ?

Les théories du complot : quels enjeux de société et peut l’éducation permanente ?
Entretien avec Marie Peltier, historienne et professeure à la haute école Galilée (Bruxelles)

Selon Marie Peltier, les théories du complot trouvent écho dans tous les milieux sociaux, auprès de tous les publics, et donc aussi le public de l’éducation permanente, populaire. Son propos est de construire des pistes de réflexion et d’action ancrées dans l’analyse et une vision résolument émancipatrice.

Nous l’avons rencontrée pour connaitre plus avant son point de vue sur ce que les théories complotistes disent du fonctionnement de notre société, et surtout de ses échecs actuels. Mais aussi pour lui demander quel rôle peuvent jouer les associations d’éducation permanente quand les acteurs de terrain sont confrontés à ce type de discours.

Le langage simplifié : un confort pour les uns, une nécessité pour les autres
Louise Culot, Lire et Écrire Communauté française

L’usage du langage simplifié se situe à l’intersection de multiples problématiques sociales comme l’inclusion numérique, l’accès à la santé, la démocratisation et la transparence de la vie publique, la simplification et l’efficacité administrative, l’accueil des personnes allophones, etc.

S’il était généralisé, il deviendrait une ressource clé pour de nombreux groupes de personnes, des personnes analphabètes ou illettrées aux personnes dyslexiques, aux personnes de langue étrangère, aux malentendantes, aux personnes âgées ou aux jeunes enfants. Indispensable pour aider les personnes peu lectrices à comprendre tous types de messages, il facilite aussi la vie des lecteurs plus expérimentés.

Le langage de scolarisation. La responsabilité de l’école dans l’émancipation de tous et grâce au langage
Nicole Wauters, inspectrice primaire en Fédération Wallonie-Bruxelles

Ils fréquentent l’école depuis la maternelle. Comme tant d’autres élèves, ils ont appris à lire et à écrire. Et pourtant ! À 15 ans, à 20 ans, l’écrit les rebute : ils lisent sans comprendre la plupart des écrits de la vie quotidienne. Leur propre expression verbale est maladroite, imprécise, les met en difficulté face aux exigences de la société, face aux attentes du monde du travail.

Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a dérapé tout au long de leur parcours scolaire ? Pourquoi ces jeunes n’ont-ils pas acquis le langage élaboré spécifique au monde scolaire et fondateur d’une pensée abstraite ? Pourquoi cette méconnaissance présente-t-elle un tel obstacle à leur émancipation en tant que citoyens ?

Replonger dans les premiers apprentissages de l’école fondamentale, c’est partir à la recherche même des racines de ce que l’on qualifie d’analphabétisme fonctionnel.

Comment ? Je ne comprends pas ce que vous dites !
Justine Duchesne, Lire et Écrire Wallonie

La glottophobie : ce terme quelque peu barbare a été inventé par Philippe Blanchet afin de poser un mot sur une réalité vécue par de nombreuses personnes, en vue de désigner les discriminations à prétexte linguistique. L’intention de ce sociolinguiste était ainsi de mettre en évidence un domaine de discriminations largement ignoré, voire négligé, relevant de faits fréquents, ordinaires de la vie quotidienne.

Aussi banale puisse-t-elle apparaitre à première vue, cette distinction, opérée sur base d’un niveau de maitrise de la langue, n’est malheureusement pas sans conséquences pour de nombreux apprenants qui disent littéralement « ne plus avoir osé parler » face à des situations de mépris, de rejet ou encore de déni de leur demande et de leur personne. De ces situations découlent des conséquences humaines et sociales non négligeables, notamment en termes d’accès à certaines ressources (financières, sociales…) ou à certains droits.

Pauvreté, richesse : distancier nos regards
Céline Giraudeau, Service d’aide aux Molenbeekois primoarrivants de MOVE ASBL, Molenbeek Vivre Ensemble

La pauvreté est une réalité incontestable. Mais qu’est-ce qui me porte à croire que les apprenantes en alphabétisation sont « pauvres » ? Et comment se perçoivent ilselles ? Que signifie « être pauvre » ? Quelle incidence cela a-t-il sur mon attitude envers euxelles et sur ma posture de formatrice ?

Pour alimenter mes réflexions, je m’appuierai sur certaines approches sociologiques et philosophiques. Ces dernières m’invitent à changer de regard sur cette notion et à revisiter ainsi mes pratiques pédagogiques.

Quelques apports à la recherche collaborative dans le cadre d’une recherche-action participative en alphabétisation populaire
Jacqueline Michaux, Lire et Écrire Bruxelles

Cette contribution explore la conciliation des objectifs et des attentes des chercheurses et des professionnelles de l’intervention sociale dans le cadre d’une recherche impliquant une forte articulation entre recherche et travail social.